—Essai de Peter Frank
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Un demi-siècle après son apogée, nous célébrons l'expressionnisme abstrait pour son romantisme et sa rhétorique. Il nous semble avoir été le dernier mouvement artistique « héroïque », né et impulsé par le besoin de dire quelque chose d'à la fois grandiose et personnel. Mais beaucoup – et même la majorité – des artistes associés à l'expressionnisme abstrait s'intéressaient moins au théâtre du soi qu'à celui de l'instant, à l'immédiateté de la sensation, perçue dans le monde et manifestée en atelier. L'expressionnisme abstrait était avant tout un art d'observation et de reformulation. Que ses sujets soient extérieurs ou intérieurs, mondains ou privés, sensuels ou existentiels, ses œuvres étaient des réponses à la sensation, tant visuelle qu'émotionnelle. À cet égard, si son époque est révolue depuis longtemps, la pratique expressionniste abstraite demeure viable et accessible. Tous ceux qui héritent de son langage et de son sens du sens ont pour tâche non pas de rejouer son drame, mais de redécouvrir son plaisir dans le monde et dans la peinture.
Aucun peintre ne le comprend mieux que Karen Silve. Maîtrisant le geste expressionniste abstrait, Silve l'a fait sien et en a réanimé l'atmosphère. Ses toiles regorgent de coups de pinceau qui agissent autant comme des éléments de construction visuelle que comme des éléments de notation. S'inspirant autant de Cézanne que de De Kooning, de Marin que de Mitchell, Silve s'inscrit dans une histoire de l'empreinte moderniste afin de répondre adéquatement à un monde de couleurs, de volumes et de températures. Sans peindre de paysages ni de natures mortes, Silve reste une peintre de l'espace et de ce qu'il contient. Elle s'inspire des lieux qu'elle habite, des objets et des événements dont elle est témoin pour « alimenter » son art. Ses peintures ne décrivent ni ne suggèrent son environnement, mais le goûtent. On ressort des toiles de Silve moins avec une idée de ce à quoi ressemblent le Nord-Ouest Pacifique ou le Sud de la France qu'avec une impression du nord de l'Oregon et de l'intérieur méditerranéen, peut-être dans le même tableau. Malgré toute la vigueur de son coup de pinceau, Silve pourrait plutôt être décrite comme une impressionniste abstraite des temps modernes. Les innombrables taches colorées qui composent ses tableaux ne suivent son cœur que dans la mesure où elles suivent son regard. Loin d'être superficielles, elles prouvent une fois de plus ce que Monet a démontré : on peut célébrer la lumière et l'air sans être léger et aérien. De plus, malgré leur exubérance broussailleuse et dégoulinante, elles sont composées – les taches apposées, les teintes déterminées – avec une rigueur quasi architecturale, une rigueur qui ne cherche pas à se dissimuler derrière l'efflorescence de la nature, mais plutôt à imiter ses rythmes glorieux. Un trait vert, ferme mais errant, signale-t-il une feuille, une branche, un arbre ou une forêt ? Il est inhérent à tous ces éléments, mais témoigne avant tout de la vie et de la logique qui les animent.
La peinture de Silve, cependant, ne se limite pas à la nature, elle est naturelle, à l'instar de celle de Monet et de Mitchell. À l'instar de ses imposantes prédécesseures, Silve ne se contente pas de refléter, mais doit incarner l'observation et la sensation dans son travail. Chaque coup de pinceau doit avoir le même sens que chaque feuille ; un tout plus substantiel et plus vaste que la somme de ses parties doit se tisser à partir de ces parties. Ces peintures ne peuvent se fier à ce que l'artiste – ou son public – perçoit dans la vie ; elles doivent y contribuer elles-mêmes, avoir une vie propre au-delà de leurs références. Elles se délectent de leur propre nature picturale plutôt que de la dissimuler, justifiant leur existence non pas comme un reportage d'un ailleurs, mais comme une expérience, une présence ici-bas. Tout en évoquant l'étendue de l'existence au-delà de l'atelier, l'art de Karen Silve évoque aussi son dévouement à la peinture elle-même. Los Angeles, mars 2015
Peter Frank est rédacteur en chef adjoint de Fabrik Magazine et critique d'art pour le Huffington Post. Il est ancien conservateur principal au Riverside (CA) Art Museum, ancien rédacteur en chef de THEmagazine Los Angeles et de Visions Art Quarterly, et a été critique d'art pour le LA Weekly, Angeleno Magazine, le Village Voice et le SoHo Weekly News.